Seules 34% des femmes estiment que le soutien à leur famille est suffisant, contre 46% des hommes, l’analyse de Boutayna Burkel

Seules 34% des femmes estiment que le soutien à leur famille est suffisant, contre 46% des hommes, l’analyse de Boutayna Burkel

Le 2ème baromètre OpinionWay pour Familles Durables, révélateur de différences de perceptions entre les hommes et les femmes

Une semaine après la publication du Rapport Annuel 2023 sur l’État des Lieux du Sexisme en France par le Haut Conseil à l’Égalité entre les Femmes et les Hommes, le 2e baromètre OpinionWay pour Familles Durables permettait un focus sur les divergences de réponses entre les femmes et les hommes.

Ces résultats soulignent des enjeux fondamentaux dans un contexte de crise de la représentativité démocratique, du vieillissement de la population, de l’affaiblissement de la natalité et de la lutte contre le dérèglement climatique et pour la transition écologique.

  • Seulement 34% d’entre elles estiment que le soutien à leur famille est suffisant, contre 46% des hommes
  • Une plus grande part des femmes se prononce pour un allongement du congé maternité (78% contre 65% des hommes), et elles réclament un allongement supplémentaire de la durée du congé paternité : 39% contre 25% des hommes
  • 30% des hommes estiment que le soutien public aux aidants familiaux est suffisant, contre 17% des femmes, majoritairement concernées
  • 70% des Français estiment qu’avoir des enfants incite à s’investir davantage en faveur de la transition écologique. Cette opinion est partagée par 78% des femmes contre 61% des hommes
Pour accéder aux résultats du 2ème sondage OpinionWay pour Familles Durables, c’est par ici.

Boutayna Burkel, fondatrice de The Helpr, regrette que l’organisation sociale ne soit toujours pas adaptée aux des femmes, qu’elles soient mères ou aidantes

“Les résultats ne font que confirmer des demandes que l’on identifie depuis quelques années à l’occasion de prises de paroles sur les réseaux sociaux. 

Malheureusement les femmes sont prises au piège par la charge mentale, car le domaine du care, du soin leur est culturellement réservé, depuis l’éducation jusqu’aux soins physiques et mentaux des autres membres de la famille.

Il a été démontré que les femmes mettent en danger leur santé physique et mentale en faisant passer celles des autres en priorité. Il faut souligner le problème de toute les activités invisibilisées qui pourtant ont une vraie valeur économique pour la société.

Les femmes sont aussi piégées par les problèmes d’accès aux modes de garde qui vont encourager une pause professionnelle, ce qui par la suite n’encouragera pas la reprise du travail. Par cette même occasion, elles souffrent des inégalités salariales et sont cantonnées à un rôle précis au sein de la famille sans avoir eu l’occasion de le choisir.

L’éco-anxiété pèse aussi énormément sur les femmes, les mères : ça commence dès la grossesse car on va faire peser la charge mentale du choix des aliments, de la cosmétique, des produits d’hygiène sur elles. L’impact des produits toxiques pendant la grossesse les concerne mais cette attention continuera toujours après la naissance, puisqu’elle sont généralement responsables du care.

S’agissant de la question des aidants : les femmes sont souvent à cheval entre les obligations vis à vis de leurs enfants, de leurs parents, ou leur conjoint malade. C’est une vraie situation de fragilité, de vulnérabilité, et de grande responsabilité.

L’assignation à résidence, par essence non choisie, dans le monde domestique implique souvent un départ des femmes, ou un moindre engagement dans le monde de l’entreprise qui n’a pas été pensé pour elles. Si il semble difficile de rémunérer les tâches domestiques, on peut au moins mieux reconnaître sa valeur. L’organisation sociale, sociétale, doit mieux répartir la charge du soin qui est nécessaire et importante. S’occuper les uns et des autres, c’est fondamental, mais ça doit être mieux réfléchi.

S’il existe différentes initiatives pour améliorer le temps de travail, il faut prendre garde à n’enfermer personne. Nous avons encore besoin de plus de flexibilité, de différents dispositifs à adapter selon les préférences. À ce titre, l’Angleterre a mis en place un droit à demander des horaires de travail flexibles (“The right to ask”) pour les personnes qui ont la charge d’enfants ou d’adultes. Les trois quarts des entreprises confirment que cet arrangement n’a pas d’impact négatif sur le résultat du travail.

Un autre problème que rencontrent les femmes est l’injonction de la maternité parfaite : on veut, on doit toujours mieux faire pour les enfants (sommeil, allaitement, développement) mais aussi pour elles-mêmes. C’est intenable. Ça ne peut s’interroger sur le besoin de soutien de la société. La famille nucléaire peut-elle tout, toute seule ? Certainement pas. Il faut revenir au concept de la “Mère Assez Bonne” de Winnicott plutôt que celui de la Mère Parfaite.”

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