Jean-Marc Sauvé sur “le déficit d’éducation et l’exercice défaillant de l’autorité.”

Le 5 juillet 2023, invité à s’exprimer par le think tank VersLeHaut à l’occasion de son événement annuel, Jean-Marc Sauvé livra un plaidoyer pour une “refondation de l’autorité” ainsi que pour une priorité absolue donnée à l’éducation. Familles Durables propose ci dessous un compte rendu de son propos.

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Le 5 juillet 2023, invité à commenter le rapport intitulé “Le sens de l’autorité” publié par le think tank VersLeHaut présenté au Collège des Bernardins, à Paris, Jean-Marc sauvé livra un plaidoyer pour une “refondation de l’autorité” ainsi que pour une priorité absolue donnée à l’éducation.

Ancien haut fonctionnaire français, ex vice-président du Conseil d’État, Jean-Marc Sauvé fut notamment à partir de 2018 président de la commission d’enquête indépendante sur les abus sexuels sur mineurs commis au sein de l’Église catholique.

L’exaltation de l’individu esseulé, une disparition du destin collectif et une complexification du réel

Revenant sur le constat de l’effondrement, au cours du siècle dernier, des grandes institutions et traditions idéologiques qui structuraient la vie des Françaises et des Français (“la laïcité, le communisme, l’Église catholique…“), Jean-Marc Sauvé évoque l’immédiateté des exigences et des désirs promue par le libéralisme économique, “fait pour qu’elles soient assouvies le tôt possible“, pointant ainsi du doigt l’exaltation de l’individu seul et la disparition du destin collectif.

Jean-Marc Sauvé de souligner l’apparente complexification des problèmes “qui paraissent insolubles“, que l’on pense au climat ou à l’intégration. “Par le passé, les lois étaient très simples et faciles à comprendre. Aujourd’hui, n’importe quelle loi fera 10 pages. Comme personne n’y comprend rien, on appelle les communicants… c’est à ce moment là que s’observe une perte de confiance.”

Par le passé, la société était fataliste, que l’on pense aux millions de morts dus à la grippe espagnole il y a un siècle. Personne n’a reproché quoi que ce soit à l’État. C’est en demandant à la politique d’investir tous les domaines qu’on a davantage l’occasion de se rendre compte de ses faiblesses, de son incapacité à tout régenter, comme on l’a vu avec la crise du Covid.

“L’éducation est la seule réponse”

L’éducation est la seule réponse“, annonce-t’il avec conviction, sans quoi se développera une incapacité à faire face aux contradictions, menant à une multiplication des frustrations et de la violence.

Il faut remédier à un déficit d’éducation et un exercice défaillant de l’autorité, et ce pour faire advenir des personnes structurées, capables d’autonomie, de liberté, d’interactions sociales. L’objectif ne doit pas être de créer des personnes isolées capables de réaliser leur destin par elles-mêmes.”

L’éducation ne se réduit pas à un cadre stérile, mais doit proposer un cadre de règles communes, connues, comprises, partagées.” L’autorité quant à elle “doit s’inscrire dans une relation de réciprocité, qui laisse toute sa place à l’enfant, au jeune. (…) Elle ne doit jamais être arbitraire mais transmettre la cohérence du cadre et des règles, penser et faire partager les limites.

L’autorité dans une relation de réciprocité, clé de l’avenir

L’objectif de l’éducation et de l’autorité, énonce Jean-Marc Sauvé, est que l’enfant ne reste pas un enfant, “tel Peter Pan“, mais puisse véritablement devenir partie prenante du jeu social et avoir maîtrise de son existence. “Ainsi, l’autorité est une étape sur le chemin de la liberté, la clé de l’avenir, qui rend possible une vie sociale.

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