Transmission des traumatismes à travers les générations : les nouveautés de l’épigénétique

Guerres, famines, catastrophes naturelles, stress intenses… des effets psychologiques pour les victimes, mais aussi pour leurs descendants ? De nouveaux éléments issus de la recherche épigénétique confirment que les traumatismes vécus par nos ancêtres peuvent continuer d’avoir un impact sur notre santé mentale. Bonne nouvelle : ces effets ne sont pas irréversibles. Un argument en faveur d’une meilleure prise en considération des problèmes de santé mentale et de la démocratisation des démarches thérapeutiques. Un partage Familles Durables.

Transmission des traumatismes à travers les générations : les nouveautés de l’épigénétique

Le traumatisme en héritage

De nouveaux éléments suggèrent que les effets d’un traumatisme (guerre, génocide, abus, facteurs environnementaux…) pourraient se transmettre génétiquement d’une génération à la suivante”, annonce National Geographic dans un article daté du 14 juin 2024. 

L’article riche en références scientifiques fait le point sur les dernières études dans le domaine de l’épigénétique. “Une expérience bouleversante ne disparaît pas quand vous mourez, elle vous survit sous une certaine forme.” 

Points clés :

  • Isabelle Mansuy a enquêté sur les effets épigénétiques causés par la séparation, chez les souris, des mères et de leurs petits ; les mères ayant également été exposées à des facteurs de stress durant les séparations. (…) L’étude montre que les petits et leur descendance souffraient de dépression et de pertes de mémoire et présentaient des comportements à risque, par exemple une incapacité à évaluer des dangers potentiels, entre autres changements comportementaux. Tandis que la dépression et les pertes de mémoires s’étendaient jusqu’à la troisième génération, la prise de risque ne commençait à diminuer, elle, qu’après la cinquième génération.
  • De multitples études ont déjà suggéré qu’il pouvait s’agir d’un mécanisme par lequel le traumatisme d’un parent pourrait se trouver imprimé dans les gènes de sa descendance ; les effets épigénétiques pourraient d’ailleurs être multigénérationnels.
  • Rachel Yehuda, professeure de psychiatrie et de neurosciences des traumatismes au Mount Sinai, à New York, a découvert un marqueur épigénétique chez les rescapés de la Shoah et chez leurs descendants, un groupe plus exposé aux problèmes de santé mentale. En 2015, elle a évalué trente-deux rescapés ainsi que leurs enfants adultes en examinant le gène FKBP5, un gène associé à l’anxiété et à d’autres troubles mentaux.
  • Une étude de 2019 portant sur des vétérans australiens masculins de la guerre du Vietnam fournit des pistes supplémentaires quant à la façon dont le traumatisme peut transcender les générations.

Source : Les traumatismes peuvent-ils se transmettre par les gènes ?

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