Enfants et écrans : la problématique réduction des interactions humaines

Pour chaque minute passé devant un écran, les enfants entendent moins de mots exprimés par les adultes, vocalisent moins et sont moins impliqués dans des interactions suivies. C’est ce que démontre l’étude scientifique publiée le 4 mars 2024 dans JAMA Pediatrics et rédigée par Mary Brushe, Dandara Haag, Edward Melhuish et leur équipe. Un partage Familles Durables.

Enfants et écrans : la problématique réduction des interactions humaines

Les écrans négatifs pour les petits

Une étude scientifique sur le “Temps passé devant un écran et conversation parent-enfant lorsque les enfants sont âgés de 12 à 36 mois” a mis en lumière une association négative entre le temps passé devant un écran et les mesures de la conversation parent-enfant au cours de ces premières années.

Pour chaque minute supplémentaire passée devant un écran, les enfants entendaient moins de mots d’adultes, prononçaient moins de vocalisations et participaient à moins d’interactions de va-et-vient.

Capital linguistique et “technoférence”

Grandir dans un environnement familial linguistiquement riche est important pour le développement du langage des enfants dans les premières années.

Le concept de “technoférence” (interférence basée sur la technologie) suggère que le temps passé devant un écran peut interférer avec les opportunités de conversation et d’interactions entre le parent et l’enfant.

Cette étude de cohorte prospective australienne a utilisé une technologie avancée de reconnaissance vocale pour capturer le temps passé devant un écran et l’environnement linguistique de la maison des jeunes enfants, sur une journée moyenne de 16 heures. Les données ont été collectées auprès de 220 familles une fois tous les 6 mois au domicile familial lorsque les enfants étaient âgés de 12, 18, 24, 30 et 36 mois

Résultats

Trois mesures de la conversation parent-enfant sont prises en compte : les mots des adultes, les vocalisations des enfants et les tournures de conversation.

Des modèles distincts ont été exécutés pour chacun des trois résultats et comprenaient un ajustement en fonction du sexe de l’enfant, de l’âge de l’enfant, du niveau d’éducation de la mère, du nombre d’enfants à la maison, du nombre d’activités à la maison et de la détresse psychologique du principal responsable.

Les modèles linéaires ajustés à effets mixtes ont démontré que l’augmentation du temps passé devant un écran était associée à une diminution des mesures de la conversation parent-enfant.

Les diminutions les plus importantes ont été observées à 36 mois, lorsqu’une minute supplémentaire de temps passé devant un écran était associée à une réduction de 6,6 mots pour adultes, de 4,9 vocalisation infantiles et de 1,1 échange conversationnel.

Mieux gérer le temps

Les résultats de cette étude soutiennent la notion de technoférence, ou interférence de la technologie pour les familles australiennes, selon laquelle l’exposition des jeunes enfants au temps passé devant un écran interfère avec les opportunités de parler et d’interagir dans leur environnement familial.

Cette découverte implique que pour promouvoir un environnement familial riche en langues, il importe de proposer du soutien et des informations aux familles, et ce afin de mieux comprendre l’association potentielle du temps passé devant un écran avec les opportunités pour les enfants et les adultes de parler et d’interagir dans leur environnement familial.

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