Les réponses aux questions du 2e baromètre OpinionWay pour Familles Durables sont sources de plusieurs enseignements utiles pour comprendre notre société :
1er enseignement : Les parents inquiétés par l’évolution du climat
81% des personnes sondées se déclarent inquiètes pour l’avenir des futures générations, un chiffre qui atteint 83% chez les parents, un peu plus nombreux à rapporter des niveaux d’inquiétude plus élevés.
2e enseignement : Les jeunes beaucoup plus inquiets que les plus de 65 ans
Des disparités existent selon les générations : seuls 16% des plus de 65 ans se disent très inquiets pour l’avenir de leurs enfants, contre 49% des moins de 35 ans.
Notons que cette catégorie est aussi la moins impliquée politiquement puisqu’elle s’est abstenue à hauteur de 63% aux élections législatives de 2022, selon OpinionWay. Cela n’est pas sans lien puisque des études scientifiques ont montré que le sentiment d’inaction venant des autorités sur les sujets environnementaux était source de colère et d’éco-anxiété, et ce malgré de grands engagements médiatiques.
3e enseignement : La natalité est un facteur d’incitation à l’action pour le climat
70% des parents rapportent qu’avoir des enfants incite à œuvrer davantage en faveur de la transition écologique.
Là encore, les différences entre les générations sont importantes : les + de 65 ans sont 56% à le penser, mais ce chiffre atteint 86% chez les moins de 35 ans.
Les jeunes sont plus inquiets, plus sensibilisés et plus volontaires pour durabiliser leurs modes de vie et la société dans laquelle eux et leurs jeunes enfants vivront plus longtemps que les seniors.
Cette observation souligne que les parents, même s’ils sont inquiets, relèvent le défi de la transition écologique et sont volontaires pour aller de l’avant dans l’édification d’une société plus durable, d’autant plus qu’ils sont jeunes.
4e enseignement : Les femmes plus engagées que les hommes
Différence surprenante : les femmes répondent à cette question par l’affirmative à hauteur de 78%, contre 61% des hommes. Une inégalité dans l’implication qui risque de renforcer le surinvestissement des femmes dans les choix de consommation du foyer.
Notre analyse de la tendance No-kid : Ne pas avoir d’enfants, est-ce agir pour la planète ?
En raison du caractère perçu comme radical de leur décision et de leur prise de parole, on parle beaucoup des “no kids”, les personnes qui revendiquent ne pas vouloir d’enfants. Il faut avant tout préciser qu’avoir des enfants ou pas, fonder une famille ou pas est une liberté fondamentale qu’il est impératif de respecter.
Le nombre de gens déclarant renoncer à avoir des enfants reste stable autour de 5%, par exemple dans les enquêtes de l’UNAF. Cependant, d’après une enquête du magazine Elle qui a fait grand bruit, 30% des femmes en âge de procréer ne voudraient pas d’enfant.
Pour Emmanuel Pont, auteur de “Faut-il arrêter de faire des enfants pour sauver la planète ?”, “Le 30% annoncé par ce sondage est calculé sur les femmes n’ayant pas d’enfant et n’est donc pas comparable au 5% précédent. Cependant, sur ce même périmètre, cela ferait quand-même 13%, ce qui est une augmentation considérable.“
Il ajoute : “L’intérêt de ce sondage est sur les motivations, où l’on voit apparaître l’écologie en place importante, alors que les études précédentes ne posaient pas la question. Par contre ce choix est généralement multifactoriel, donc difficile d’imputer cette hausse éventuelle à la crainte écologique.”
Le calcul de l’empreinte carbone de l’enfant supplémentaire, popularisé par la climatologue Kimberly Nicholas, a été réfuté par elle-même, reconnaissant que sa méthode pose problème et que les conclusions tirées par d’autres dépassent sa pensée. Elle explique que les choix individuels comme celui de donner la vie ont une conséquence minime sur les niveaux de pollution, et que comparés aux grandes politiques internationales, elles sont quasiment inconséquentes. Cela est d’autant plus vrai en Occident, déjà concerné par le vieillissement démographique.
Nous pensons que des solutions plus rassurantes et convaincantes existent, comme une réflexion sur une meilleure occupation de l’espace ou une utilisation plus efficiente des ressources. “Affirmer qu’une personne est un problème parce qu’elle existe est une pente glissante, et l’idée que des personnes soient rendues responsables des émissions de leurs descendance pose problème“, déclare Emmanuel Pont dans une interview sur la chaine Elucid “Vos grand-parents sont-ils responsables des émissions carbone de votre voyage à Bali ?” ajoute-t’il.