Sciences : les grand-mères sont à l’origine de l’espèce humaine que nous sommes devenue
“Les grand-mères, la première étape qui nous ont permis de devenir qui nous sommes“, déclarait Kristen Hawkes, anthropologue à l’Université de l’Utah.
Dans un article publié en 2012 par le journal scientifique Proceedings of the Royal Society B, la scientifique confirmait l’hypothèse qu’elle avait formulé en 1997, supposant alors que c’est l’aide apportée par les grand-mères avait permis aux femmes de survivre bien au delà de la ménopause, contrairement à la plupart des animaux.
“La grand-maternité nous a aidé à développer tout un ensemble de capacités spéciales qui sont souvent le fondement de l’évolution de traits distinctement humains, comme le lien de couple durable (“pair bonding“), de plus gros cerveaux, l’apprentissage de nouvelles capacités et notre tendance à la coopération“, déclarait alors Kristen Hawkes.
Comment la présence de grand-mères permet-elle aux femmes de vivre plus longtemps, alors que les femelles chimpanzés vivent rarement au delà de 45 ans ? Selon Hawkes, les grand-mères pouvaient aider à récolter de la nourriture et nourrir les enfants avant qu’ils aient la capacité de se nourrir seuls. Sans la présence d’une grand-mère, si une mère donne naissance alors qu’elle a déjà un enfant de deux ans, la probabilité que le nouveau-né survive est plus basse, car contrairement aux autres primates, les humains ne sont pas capables de nourrir et de prendre soin d’eux-mêmes immédiatement après le sevrage. La mère doit dévouer son temps et son attention au nouveau né aux dépends de l’aîné, mais les grand-mères peuvent résoudre ce problème en agissant en tant que soignants supplémentaires.
Pour la professeur Hawkes, “si les femmes ne traversaient pas la ménopause, elles continueraient d’avoir des enfants plutôt que de se comporter en grands-mères. Tous les enfants ne dépendraient que de leur mère pour la survie. Une perspective évolutionniste permet d’identifier que la présence de femmes plus âgées a permis d’augmenter le taux de survie des nouveaux-nés.”
Allant plus loin, la professeur argue que les relations sociales qui naissent de la grand-maternité ont pu contribuer à la plus grande taille du cerveau qui caractérise les humains. “Si vous êtes un bébé chimpanzé, un bébé gorille ou un bébé orangutan, votre mère ne pense qu’à vous. Mais si vous êtes un bébé humain, votre mère s’occupera d’autres bébés, ce qui n’est pas le cas des autres grands singes.” La grand-maternité nous a donné une éducation qui a fait de nous des êtes plus socialement dépendants les uns des autres et plus prônes à vouloir attirer l’attention des autres. Cette tendance, avec la durée de vie et la ménopause, pour Hawkes, a permis d’augmenter la taille du cerveau.
Autres publications récentes de Kristen Hawkes
- Kristen Hawkes, The Centrality of Ancestral Grandmothering in Human Evolution, Integrative and Comparative Biology, Volume 60, Issue 3, September 2020, Pages 765–781, https://doi.org/10.1093/icb/icaa029
- Kirsten Hawkes, Cognitive consequences of our grandmothering life history: cultural learning begins in infancy, Phil. Trans. R. Soc. 2020 http://doi.org/10.1098/rstb.2019.0501
- Kirsten Hawkes, Why does women’s fertility end in mid-life? Grandmothering and age at last birth, Journal of Theoretical Biology, volume 461, 2019, pages 84-91, https://doi.org/10.1016/j.jtbi.2018.10.035