Les 16-25 ans et l’avenir en 2023 : optimistes pour eux-même, mais pas pour les futures générations, la France et la planète
Le think tank VersLeHaut a publié en novembre 2023 la 9ème édition de son baromètre Jeunesse & Confiance. Publié tous les ans depuis 2015 en partenariat avec OpinionWay. “Grâce à ses trois collèges – jeunes, parents, chefs d’entreprises – ce baromètre permet de confronter les regards sur des réalités partagées : rapport à la société, à l’avenir, à l’école…” Familles Durables propose un focus sur la dimension familiale de l’étude.
En 2023, les jeunes ont confiance pour leur avenir, mais pas pour celui de leurs enfants, de la France ou de la planète
En 2023, 67% des 16-25 ans sont optimistes pour leur propre avenir. C’est 5 points de moins qu’en 2022. Il ne sont que 48% à avoir confiance dans l’avenir de leurs enfants, 37% lorsqu’il s’agit de l’avenir de la France et 29% s’agissant de l’avenir de la planète.
Des chiffres qui interrogent : les 16-15 ans considèreraient-ils être la dernière génération à pouvoir vivre dans des circonstances favorables ? À la question des principaux enjeux pour la France, ceux-ci répondent en priorité l’environnement, le pouvoir d’achat et la sécurité.
Avant 25 ans, avoir un contexte familial, qu’il soit fonctionnel ou dysfonctionnel, a un impact sur l’épanouissement de soi et la représentation de la société, des possibilités et de l’avenir. Familles Durables partage ici l’analyse proposée par VersLeHaut sur le contexte familial et la confiance.
La famille : plus de confiance en l’avenir mais plus d’autocensure ?
Les jeunes qui estiment pouvoir compter sur leurs parents sont généralement plus optimistes, affirment avoir plus confiance en eux, sont moins enclins à renoncer à leurs aspirations : activités sportives et culturelles, orientation, emploi.
Mais quelques éléments doivent nous amener à nuancer ce tableau. Ainsi, les jeunes qui estiment bénéficier d’un soutien parental sont plus nombreux (70 %) à reconnaître avoir renoncé à prendre la parole en public du fait d’un manque de confiance en eux.
Ils sont également plus nombreux que les autres à déclarer éprouver de la tristesse face aux problématiques environnementales (56% contre 47% de ceux qui estiment ne pas pouvoir compter sur leurs parents).
Les parents portent un regard souvent biaisé sur leurs enfants qui tend probablement à orienter quelque peu leur soutien. Ainsi, ils ont tendance à surestimer l’adéquation entre les choix d’orientation ou professionnels et les aspirations de leurs enfants. Là où les jeunes sont 78% à percevoir une adéquation, ce chiffre monte à 84% chez leurs parents.
Ainsi, une récente enquête de l’INJEP sur les parcours de jeunes femmes en milieu rural, illustre à la fois un soutien des mères dans les choix professionnels de leurs filles mais également une tendance à freiner leur émancipation. La dépendance que créé ce lien familial tend à perpétuer certains mécanismes d’autocensure.
L’ambivalence du lien parental s’exprime également dans le phénomène d’hyper-parentalité. Prétendre contrôler la trajectoire de son enfant – quitte à désirer savoir où il est en permanence – peut traduire la volonté d’accompagner mais également évoquer une forme douce d’oppression qui repousse pour le jeune l’horizon d’autonomie.
La forte corrélation observée entre satisfaction de la situation actuelle et soutien des parents – 81% contre 59 % chez les jeunes qui affirment ne pas pouvoir compter sur eux – est donc à considérer au regard de cette ambiguïté entre contrôle et autonomie.
Le fait d’aller à l’encontre des aspirations des parents constitue un risque de tension et de rupture du soutien qui peuvent pousser les jeunes à endosser les attentes de leurs parents. La corrélation entre tensions familiales et précipitation de l’indépendance des jeunes est en effet avérée.
Les plus jeunes sont d’ailleurs beaucoup plus enclins à déclarer pouvoir compter sur leurs parents – 91% pour les moins de 20 ans contre 80% pour les 23-25 ans – ce qui peut s’interpréter comme un reflux de l’influence parentale au fur et à mesure de l’augmentation des capacités d’autonomisation du jeune.