18-24 ans : les jeunes femmes deux fois plus suicidaires que la moyenne

La France présente, au sein des pays européens, un des taux de suicide les plus élevés. Comme à l’étranger, la crise sanitaire provoquée par l’épidémie de Covid-19 a eu un impact important sur la santé mentale de la population. L’objectif de ce travail est de présenter les résultats concernant la prévalence des pensées suicidaires et des tentatives de suicide en France en 2021, d’identifier les populations les plus concernées et d’observer les évolutions survenues depuis les années 2000. Un rapport de Santé Publique France, relayé par Familles Durables.

18-24 ans : les jeunes femmes deux fois plus suicidaires que la moyenne

Matériel et méthode

En 2021, le Baromètre de Santé publique France a interrogé un échantillon aléatoire de 24 514 personnes âgées de 18 à 85 ans résidant en France métropolitaine et 6 519 résidant dans les départements et régions d’outre-mer (DROM) par collecte assistée par téléphone et informatique (Cati).

Les variables d’intérêt de notre étude sont les pensées suicidaires et les tentatives de suicide au cours des 12 derniers mois, ainsi que les tentatives de suicide au cours de la vie.

Les évolutions des prévalences ont été établies sur les 18-75 ans grâce aux baromètres santé 2000, 2005, 2010, 2014, 2017, 2020 et 2021 dont la méthodologie était comparable.

Résultats

En 2021, 4,2% des 18-85 ans déclaraient avoir pensé à se suicider au cours des 12 derniers mois. Au total, 6,8% déclaraient une tentative de suicide au cours de leur vie et 0,5% au cours de l’année écoulée.

Parmi les 18-75 ans, la prévalence des pensées suicidaires et des tentatives de suicide déclarées dans l’année était en légère baisse depuis 2014, tandis que celle des tentatives de suicide au cours de la vie s’était stabilisée aux alentours de 7%.

Le résultat principal est une augmentation importante des pensées suicidaires et des tentatives de suicide au cours de la vie chez les 18-24 ans, observée depuis une dizaine d’année.

Les femmes jeunes deux fois plus suicidaires qu’une moyenne déjà haute

La prévalence des pensées suicidaires apparaissait plus élevée chez les femmes (4,8%) que chez les hommes (3,5%), cette différence étant principalement portée par les jeunes adultes (7,2% chez les 18-24 ans) qui étaient les plus concernés avec une différence significative entre les hommes et les femmes (5,0% vs 9,4%).

Discussion

Cette étude confirme la détérioration de la santé mentale des jeunes adultes observée par ailleurs à partir des données de passage aux urgences et d’hospitalisation. En parallèle de la mise en oeuvre de la stratégie nationale de prévention du suicide et du renforcement des dispositifs de prise en charge, une meilleure compréhension des mécanismes qui affectent la santé mentale des plus jeunes depuis la pandémie de Covid-19 s’avère nécessaire en vue de renforcer les politiques de prévention.

Auteur : Léon Christophe, du Roscoät Enguerrand, Beck François
Bulletin épidémiologique hebdomadaire, Santé Publique France, 2024, n°. 3, p. 42-56 

Vous devriez aussi aimer
Afficher plus

Un lien entre une enfance difficile et la “créativité malveillante” chez les jeunes adultes

Un article publié dans la revue scientifique Behavioral Sciences établie un lien entre les expériences difficiles vécues pendant l’enfance et la “créativité malveillante” à l’âge adulte. L’étude menée par Natalie A. Ceballos et Toni Terling Watt, de Texas State University, démontre également que les personnes ayant des niveaux plus élevés de soutien social et d’empathie étaient moins susceptibles de se livrer à une créativité malveillante. Une étude relayée par Familles Durables.
Afficher plus

“L’usage problématique de pornographie”, le documentaire de We Are Lovers

Alors les trois-quarts des Français considèrent que les mineurs sont mal protégés des problèmes affectifs ou sexuels liés à la porno-dépendance, l’association We Are Lovers s’est penchée sur ce que l’OMS appelle “l’usage problématique de pornographie”. Un documentaire de 27 minutes disponible gratuitement sur YouTube que relaie Familles Durables.
Afficher plus

Le Comité économique et social européen appelle à “aider les personnes à concrétiser leurs aspirations familiales”

“L’Europe doit trouver une issue.” Alors que “le faible taux de natalité, qui continue de diminuer, est à l’origine du défi démographique”, le CESE appelle entre autres à “augmenter le nombre d’enfants en soutenant les parents.” C’est l’une des recommendations contenues dans l’avis adopté par l’organe consultatif européen le 18 septembre 2024, afin de limiter les effets négatifs du vieillissement de la population européenne sur l’évolution du marché du travail, de l’économie, de la société et des systèmes sociaux. Un partage Familles Durables.